Et si la pandémie nous rendait service...

Dans un monde «normal», les températures plus chaudes du mois de juin représentent le vrai début de notre saison de baseball. Juin est aussi synonyme de l’un des moments les plus savoureux de l’été pour nos jeunes : la fin de l’année scolaire!
On se prépare également à tourner le coin vers le mois des vacances et des tournois : juillet nous voici! …mais avec la pandémie actuelle, il n’y a plus rien de normal. En plus de bousculer nos vies, cet épisode emprisonne nos enfants, modifie nos calendriers sportifs, nous oblige à penser autrement, à agir différemment.
Et si le déconfinement tant attendu de notre sport nous donnait plutôt un coup de main pour améliorer nos joueurs de baseball…
Pratiques vs joutes
Depuis 20 ans, le concept d’entraînement des sports s’est accéléré à la vitesse grand V! Plusieurs études scientifiques ont été menées un peu partout sur la planète afin d’optimiser la performance des athlètes. En 2005, un ouvrage canadien important a d’ailleurs pris naissance de cette mouvance; le Développement à Long terme de l’Athlète (DLTA). Plusieurs éléments s’intégraient à cette initiative dont le principe phare d’établir un ratio entraînement/match pertinent selon l’âge du participant et/ou de son niveau d’habileté.
Si souvent la compétition est enivrante, elle n’est pas toujours gage d’amélioration pour un athlète. Dans certaines catégories (peu importe le sport) où il y a trop de matchs et pas assez d’entraînements, il n’est pas rare de voir un jeune joueur stagner dans son développement. Pourquoi? Parce que la compétition n’offre pas assez de répétitions pour acquérir les habiletés sportives nécessaires pour bien performer dans l’activité choisie.
Si on analyse le baseball professionnel, on peut voir que le temps d’action est relativement court dans un match. Évidemment, les 162 matchs d’une saison régulière permettent de cumuler beaucoup de répétitions, mais les habiletés requises l’ont été bien avant d’avoir atteint le niveau professionnel.
Durée d’un match | Actions soutenues | Ratio action/temps mort | |
BASEBALL PRO | 2h56 | 17min 58 | 10.21% du temps d’écoute |
Et si on regarde le sport qui domine les cotes d’écoute en Amérique, on réalise que le football américain offre 43% moins d’action que le baseball. C’est plutôt la télévision qui fait un travail remarquable pour garder son client bien assis sur le divan!
Durée d’un match | Actions soutenues | Ratio action/temps mort | |
FOOTBALL NFL | 3h10 | 11 min | 5.79% du temps d’écoute |
Les entraînements sont donc primordiaux au football si on veut bien rentabiliser les 11 minutes d’action que dure un match.
Vous comprendrez aussi qu’au niveau individuel, même si plusieurs joueurs bougent, sprint, frappent et lancent sur le terrain, ils ne sont pas tous impliqués de la même manière avec la balle ou le ballon. Évidemment la position où le joueur évolue influence grandement le temps en «possession» de l’objet.
Même dans un sport comme le soccer où l’action est plutôt continue que soutenue, les joueurs n’échappent pas à cette règle : on passe très peu de temps en possession de l’objet dans un match.
Match sans pause | Actions continues | Action des joueurs SANS le ballon | |
SOCCER PRO | 95 minutes (avec ts repris) | 55 min | 96 à 99% du temps |
Qu’en est-il individuellement pour le joueur de baseball?
Si la batterie lanceur-receveur accapare la plus grande partie du temps de possession de la balle, voyons ce qu’il en est pour un joueur d’arrêt-court, dans un match fort occupé, lorsqu’il est impliqué avec la balle:
ACTIONS BASEBALL VERS LA BALLE | EXÉCUTION DU GESTE (sec) |
3 roulants attrapés + relais au 1er but | 3 x 4 sec |
4x, il sert de relayeur entre un voltigeur et un but | 4 x 2.5 sec |
4 présences au bâton (moy de 1.5 élan par AB) | 6 x 0.5 sec |
2 courses où il est retiré au 1er but | 2 x 4 sec |
Frappe 1 simple | 1 x 5 sec |
Frappe 1 double | 1 x 7 sec |
Fait une course du 2e but vers le marbre | 1 x 6 sec |
Frappe deux fausses balles + courses erronées | 2 x 4 sec |
Fait deux déplacements défensifs sur fausses balles | 2 x 4 sec |
TEMPS TOTAL D’IMPLICATION VERS L’OBJET | 67 secondes |
Vous observez sans doute mieux pourquoi le fait de seulement jouer des matchs ne peut contribuer à lui seul au développement des joueurs. Imaginez le sprinter aux Olympiques. S’entraîner pendant 4 ans pour courir…moins de 10 secondes!
Ce qu’il faut retenir, c’est lorsqu’on est finalement en «possession» de l’objet, il faut déjà avoir maîtrisé certaines habilités nous permettant de poser les bonnes actions en compétition. Et cette acquisition de bons gestes passe inévitablement par un nombre élevé de (bonnes) répétitions qu’engendrent les pratiques.
Au final, notre sortie du confinement nous obligera à passer par un nombre d’entraînements plus élevé avant d’attaquer la compétition. Une fois que nous aurons le feu vert pour débuter nos matchs, je demeure convaincu que les habiletés pratiquées permettront à nos lanceurs de lancer plus de prises. Davantage de prises lancées signifient qu’il y aura plus de balles frappées et attrapées. La présence de coureurs sur les sentiers en sera augmentée.
Bref, c’est assurément des matchs beaucoup plus excitants qui concluront notre transition de la période de pratiques à celle des matchs joués.
Bon baseball!